Article paru dans le Journal du Palais n°4630 du 26/11/2018 Spécial Gestion de Patrimoine
Dans le cadre d’un bilan patrimonial, il est indispensable d’avoir une vision dynamique des revenus futurs et de se projeter sur le budget à partir du moment où l’on fait valoir ses droits à la retraite. Chaque situation est différente, il faut donc adapter les solutions et agir avec méthode.
Tout d’abord, il n’est jamais trop tôt pour commencer à se préoccuper de préparer sa retraite. En effet, le temps long permet d’adoucir l’effort et le cas échéant de le réorienter au fur et à mesure que l’on approche de l’échéance. La première étape du process consiste à évaluer le niveau des revenus lié aux régimes obligatoires afin de connaître le taux de remplacement des revenus d’activité au moment du départ. Attention, il est toutefois illusoire d’espérer avoir une estimation très précise tant sur le plan du montant que de la date de départ lorsqu’il reste plus de 10 ans d’activité, d’autant plus qu’une réforme du système des retraites est en cours. Cette étape est tout de même importante car même imprécise elle permettra d’obtenir un ordre de grandeur et de repérer d’éventuels manques dans le relevé de carrière (service militaire, jobs d’été, …).
Il convient ensuite de faire un état des lieux du patrimoine existant et des systèmes déjà en place. L’évaluation pour être efficace doit s’intégrer dans le cadre d’une approche globale. Cela permet de projeter les revenus futurs potentiellement issus du patrimoine existant, de connaître sa fiscalité actuelle et bien sûr d’estimer la fiscalité à compter de la retraite. On devra aussi intégrer la possible cession d’actifs professionnels et s’interroger sur les revenus du conjoint survivant en cas de décès. Bien sûr pour les chefs d’entreprise, il conviendra de travailler la politique de rémunération.
Il s’agira alors si possible d’évaluer les besoins financiers futurs afin de connaître le delta à combler et enfin d’estimer les capacités d’épargne.
Vient alors la dernière étape qui est celle des solutions. L’idéal est de ne pas choisir un seul dispositif. Quand cela est possible, un mix nous semble être le plus pertinent. On s’appuiera également sur l’existant en réorganisant au besoin les différents pôles.
Le premier pilier est le pilier financier : dans l’entreprise (Madelin, Art. 83, Epargne Salariale, …) ou à titre personnel (PERP, assurance vie, PEA, …) seuls ou mixés selon sa fiscalité, le besoin de sortir en rente ou en capital, ou bien encore les objectifs de transmission. Plus l’échéance est lointaine plus on pourra privilégier des supports dynamiques.
Le second pilier est le pilier immobilier. L’investissement dans l’immobilier permet d’avoir recours au crédit qui sera remboursé en partie grâce aux loyers et de bénéficier de revenus locatifs au terme. On sera bien sûr attentif à l’impact fiscal de cette partie ainsi qu’au mode de détention afin de l’articuler avec un éventuel objectif de transmission ou de protection du conjoint.
On l’aura compris, dresser un inventaire exhaustif des solutions existantes est inutile. Le principe est d’agir avec méthode en fonction de ses moyens en intégrant éventuellement d’autres objectifs patrimoniaux dans la réflexion. En tout état de cause, le pire est sans doute de ne rien faire…